Questions sur le rôle joué par Vladimir Ghika dans la formation de la Grande Roumanie
Quelque chose m’a toujours choqué depuis que j’étudie la vie et l’œuvre de Vladimir Ghika, c’est que, au cours de la Première Guerre mondiale, il a encouragé la formation en Italie d’une légion roumaine, formée de prisonniers de guerre transylvains, pour lutter du côté de l’Entente contre les Empires Centraux[1]. Comment peut-on être un saint homme et prôner la guerre ? Vladimir Ghika était-il si imprégné du nationalisme qui baignait la culture de son temps qu’il n’a pas vu de contradiction entre la foi catholique, donc « universelle » par sa définition même, et le nationalisme, à l’esprit si réducteur ? La bonne parole ne doit-elle pas être annoncée à tous les peuples de la terre ? Pourquoi privilégier son propre peuple par rapport aux autres ?
On sait que d’autres saints, comme saint Bernard de Clairvaux ou saint Augustin par exemple ont approuvé, dans certaines circonstances, le fait pour un chrétien de faire la guerre. Mais si Bernard de Clairvaux a approuvé les croisades et fait reconnaître les statuts des Chevaliers du Temple par la Papauté, c’est qu’il fallait combattre les musulmans, des mécréants. Alors que l’Autriche-Hongrie que devait combattre la Légion roumaine était… catholique, peut-être le plus catholique des pays impliqués dans le conflit. Et si Augustin d’Hippone a justifié la guerre sainte, c’est d’une guerre défensive dont il était question, dans son cas contre les envahisseurs vandales, germains et hérétiques, alors que, dans la Première Guerre mondiale, c’est la Roumanie qui a déclaré la guerre et est donc l’agresseur… L’on voit bien que le sujet n’est pas simple et le lecteur, tout comme l’auteur au début de sa recherche, se demande bien comment Vladimir Ghika va-t-il bien pouvoir défendre sa position.
Nous allons essayer, ici, de comprendre ce qui a pu amener Vladimir Ghika à prendre, à un moment donné de sa vie, une position aussi radicale et qui paraît, à première vue, si étrangère à l’action de toute une existence au service de l’Église et du prochain.
Un nationalisme ambiant
Il nous faut d’abord voir dans quelle atmosphère Vladimir Ghika a grandi et a vécu.
Les historiens, et notamment ceux des deux derniers siècles, ont voulu nous faire croire que la notion de nation a existé de tout temps. Ils ont vu le passé, et aussi l’avenir, avec les yeux de leur époque. Ce que Vladimir Ghika a exprimé par cette pensée : « L’historien est quelqu’un qui regarde en arrière mais avec des yeux qui restent sur place ou se portent en avant. »[2] Il n’est pas lieu ici de faire le procès de l’historiographie et des historiens, après tout, nous aussi, ici même, nous regardons et jugeons le passé avec nos yeux d’aujourd’hui. Il ne peut en être autrement, mais cela ne doit cependant pas nous empêcher de replacer le concept de nation dans son époque, pour pouvoir voir ensuite comment Vladimir Ghika a pu, en quelque sorte, le dépasser.
Vladimir Ghika a fait toutes ses études en France, à Toulouse, à la fin du XIXe siècle. Ce n’est pas neutre. La France sort alors de la guerre franco-prussienne de 1870, qu’elle a perdue. La France entend bien prendre sa revanche sur un Empire allemand proclamé – ô sacrilège ! – à Versailles même. Dans les écoles de la jeune République l’on enseigne, comme dit la chanson, qu’« un Français doit vivre pour elle [la République française], pour elle un Français doit mourir »[3] !
Pour les Français, la perte de l’Alsace-Lorraine a été un choc. Vous me direz que ce sont là, au fond, des terres « germaniques », où l’on parle un dialecte allemand et non des terres « françaises ». Justement, c’est là l’un des problèmes posés par la notion de nation. Au sens français, la « nation » n’est pas la communauté des personnes parlant français. On ne verra que bien rarement un Français revendiquer l’annexion de la partie francophone de la Belgique ou de la Suisse.
Est Français tout citoyen français, c’est-à-dire tout habitant de France né en France, d’où la notion fondamentale du droit du sol dans l’attribution de la nationalité française. Ces derniers temps j’ai entendu beaucoup de quolibets au sujet de l’équipe de France de football, qu’elle ne serait composée que d’étrangers (que l’on a la fâcheuse habitude de repérer par leur seule couleur de peau). C’est ignorer que presque tous ces joueurs sont nés en France et c’est ignorer ce droit fondamental du sol à l’origine même de la nation française.
Quelle que soit la langue qu’il parle, quelle que soit sa religion, quelle que soit sa couleur de peau, un Français est d’abord français par le droit du sol. Il n’y a donc pas en français de différence entre nationalité et citoyenneté. D’où par exemple mes difficultés, moi qui suis aussi traducteur, quand je dois traduire en français, dans un même texte, les termes roumains de « cetăţenie » et de « naţionalitate », tous deux se traduisant en français par « nationalité », d’où l’embarras. Si je traduisais « cetăţenie » par « citoyenneté », un Français n’en comprendrait pas le sens, du moins dans cette acception-là.
Si, au moment de la Révolution ou même encore cent ans plus tard, au temps de Vladimir Ghika, l’on avait réduit le sens de la nationalité française aux seuls locuteurs de langue française, près de la moitié de la population du pays aurait été exclue de la citoyenneté[4]. Et Vladimir Ghika a vécu cela de près puisque, grandissant à Toulouse, il était entouré de gens ne parlant pas français, mais occitan, surtout dans les campagnes environnant la métropole régionale. L’occitan est certes une langue romane, mais elle est fort différente du français. Et ne parlons pas des langues françaises régionales, comme le picard par exemple, qui est certainement aussi différent du français standard que le slovaque ne l’est du tchèque.
C’est Ernest Renan qui, en 1882, dans sa célèbre conférence « Qu’est-ce qu’une nation ? », a le mieux exprimé l’idée française de « nation ». Pour lui, c’est un groupe de personnes qui ont un passé en commun et ont une volonté, dans l’avenir, de poursuivre cette histoire commune. C’est ainsi que l’on peut parler de nation suisse, même si les Suisses sont de langue et de religion différentes.
Donc, pour revenir un peu en arrière, l’Alsace-Lorraine est française, par la volonté qu’auraient ses habitants de l’être. Mais en 1870 aucun plébiscite n’a ratifié l’annexion de ce territoire par l’Allemagne (tout comme il n’y aura aucun plébiscite lors du retour de ce territoire à la France en 1918). Car les Allemands, eux, ont une autre idée de ce que peut être une nation. En effet, au moment où les idées de la Révolution Française ont gagné l’Allemagne, cette dernière n’était pas unifiée. Être Allemand ne pouvait correspondre à être citoyen d’une Allemagne qui n’existait pas ! Les Allemands ont donc développé la notion d’une nationalité basée sur la langue[5]. Est Allemand celui qui parle allemand. Et cette approche linguistique de la nationalité a gagné l’Italie, bien entendu, qui n’était pas, elle non plus, alors, unifiée, et l’ensemble des peuples d’Europe Centrale et Orientale qui vivaient sous l’autorité, pour ne pas dire le joug, des autocrates russe, autrichien et ottoman.
L’on en arrive ainsi à l’autre source du nationalisme ayant pu influencer Vladimir Ghika : notamment par l’intermédiaire de l’éducation reçue de ses parents, Vladimir Ghika a été élevé dans l’idée de nation roumaine, qui devait s’unifier comme s’était unifiée, en 1861, la nation italienne et, en 1870, la nation allemande. Il vit dans le souvenir de son grand-père, unioniste convaincu. Dans le souvenir de son père, qui a vécu de près l’union de la Valachie et de la Moldavie, en 1859, et qui a participé à la guerre d’Indépendance en 1878, alors que Vladimir Ghika n’avait que cinq ans. La formation de la Grande Roumanie est donc pour lui et pour sa famille un but que l’on poursuit et auquel il ne saurait se dérober.
Le problème c’est que cette notion-là de nation, basée sur la langue parlée, est exclusive, rejetant hors de la communauté tous ceux qui parlent une autre langue, alors que la notion française de nation, elle, est inclusive, comprenant tout un chacun qui entend faire partie du rêve national (du moins s’il est accepté par les autres). Dans le cas de la Roumanie l’aspect linguistique se superpose à l’aspect religieux, aussi bien en Valachie qu’en Moldavie, tout bon Roumain ne peut être qu’orthodoxe.
Le « système nationalisme »
Et c’est ainsi, qu’au moment de sa conversion, Vladimir Ghika a été véhémentement attaqué dans la presse roumaine et traité d’« apostat », de « traître à la patrie »[6]. Donc très tôt, Vladimir Ghika fait l’expérience, sur sa propre peau, des excès du nationalisme roumain, comme auparavant, en France, en tant qu’étranger, il avait fait l’expérience du nationalisme français. L’on ne sait rien du comportement de ses camarades français à son égard, par contre les lettres de sa mère Alexandrine à son père Jean, alors à Saint-Pétersbourg, sont assez révélatrices d’une certaine atmosphère régnant au Lycée Fermat de Toulouse au moment où les deux frères aînés de Vladimir, Alexandre et Georges, y étaient élèves.
Ainsi, dans une lettre du 18 Octobre 1878, Alexandrine écrit : « Les rossades commencent à diminuer un peu au collège ; j’en suis bien aise, car je t’avoue que je tremblais à tout instant que l’un des deux ne m’arrive un œil poché ou une côte enfoncée ; les gamins de là sont vraiment des rustres comme je n’en ai jamais soupçonné. [7] » Ou encore, le 23 Octobre 1878 : « J’ai la satisfaction de t’annoncer aujourd’hui que Georges, après avoir été félicité par le proviseur devant toute la classe sur son travail de la semaine, a reçu un satisfecit. C’est joli, n’est-ce pas ? J’en avais besoin pour me remonter le moral, car la veille ce pauvre enfant m’était revenu le soir dans un tel état, grâce à la méchanceté de ses camarades, que je n’en ai pas dormi de la nuit et me proposai d’aller m’en plaindre au proviseur afin qu’il exigeât un peu de discipline dans ce lycée. Figure-toi qu’un de ces garnements lui avait jeté une pierre à la tête et qu’on a dû mettre Georges sous le robinet de la fontaine pour laver le sang qui coulait de la blessure. »
La nationalité n’est peut-être pas le sujet exclusif de ces animosités, mais il est certain qu’elle a dû jouer un rôle. Un détail relaté dans une lettre du 10 Juin 1879 le laisse entrevoir : « On continue parait-il à se demander dans les hautes sphères du lycée quels biais trouver pour éviter l’humiliation aux Toulousains de voir remporter le premier prix de narration Française par un étranger. »
C’est ainsi que, très tôt, Vladimir Ghika est victime du nationalisme et dénonce ses excès. Dans des textes d’avant-guerre il parle déjà du nationalisme comme d’un système, système de pensée absolument condamnable. « Historiquement, comme le socialisme et le capitalisme, le nationalisme n’est pas une théorie nationale, ni moderne, ni chrétienne, c’est un système » écrit-il dans une esquisse de plan moral visant à réformer la Roumanie vers 1907-1908.
« Dans la vie des nations, le nationalisme est un signe morbide ; quand une nation est malade, qu’elle a le faux besoin pour se sentir vivre de ce stimulant artificiel, c’est qu’elle a perdu la saine vertu de sa vie normale, naturelle, ordonnée. C’est une sorte de boulimie dystrophique – une de ces pseudo défenses de l’organisme bien connues en médecine. Comme signe de maladie, le nationalisme doit nous faire réfléchir, car une nation n’est malade que quand elle est coupable. Et elle est coupable quand elle a péché contre son âme, contre son âme personnelle et vivante. Cette culpabilité je vous l’ai signalé, c’est l’abandon de la morale éternelle, c’est l’émiettement de la grande conscience du pays par la multitude des intérêts, des passions, des calculs particuliers, c’est le corps qui s’est défait par la dispersion de l’âme – et qui essaie de se ressaisir sans elle dans un effort de compensation obscur et maladroit. » Écrit-il dans le même texte.
Mais, pour lui, si le nationalisme est condamnable parce qu’il limite l’amour de l’homme à une certaine catégorie de personnes au lieu de s’adresser à l’humanité toute entière, le nationaliste, en tant qu’homme capable de se consacrer, voire de se sacrifier, à sa communauté, est digne d’éloge, même s’il se trompe quelque peu de voie, de vocation pourrait-on dire.
Si Vladimir Ghika a des mots durs pour le nationalisme, il n’en a pas pour la nation elle-même. Il ne rejette pas la notion de nation elle-même, qui lui semble être presque aussi naturelle, et donc voulue par Dieu, que la famille. C’est le cadre dans lequel peut s’exercer l’amour du prochain, à condition de ne pas être exclusif des membres des autres nations.
Arrivés à ce point de notre recherche, nous pouvons constater que nous n’avons guère avancé, ou plus exactement nous voyons que le chemin emprunté dès l’abord, celui du nationalisme comme explication à l’attitude de Vladimir Ghika pendant la Première Guerre mondiale, nous a conduit à une impasse. Il nous faut donc prendre une autre voie, revenir en arrière et reprendre notre recherche au moment où Vladimir Ghika se convertit au catholicisme.
Vladimir Ghika vs Raymond Netzhammer – le zélote et le gestionnaire
Dès son passage au catholicisme, en 1902, Vladimir Ghika n’a qu’un but, convertir tous les égarés. C’est une attitude symptomatique de tous les convertis : ayant trouvé la vérité, ils doivent la faire partager aux autres, surtout qu’en même temps cela les conforte dans leur choix.
Très vite Vladimir Ghika réfléchit à la manière dont il pourrait convertir ses compatriotes roumains. Il a l’idée de faire venir les Filles de la Charité en Roumanie afin de séduire les orthodoxes par le visage le plus aimable du catholicisme : la charité. Pour cela il obtient l’accord de Mgr Raymond Netzhammer, qui vient juste de s’installer sur la chaire archiépiscopale de Bucarest. Mais très vite apparaît un malentendu entre ces deux hommes de foi.
Raymond Netzhammer, Allemand de naissance, Bénédictin de vocation, a pour charge de gérer la petite communauté catholique de Valachie. Et il fait cela très bien. C’est un très bon gestionnaire. Il crée des écoles, les développe. Le problème c’est que ces écoles sont en langue allemande ou hongroise, parce que ce sont-là les langues maternelles de la très grande majorité de ses ouailles[8]. Et lorsqu’il donne son accord à la venue des Filles de la Charité dans son diocèse, c’est dans l’idée qu’elles se mettront au service de la communauté catholique. Or, Vladimir Ghika a une toute autre approche, ce ne sont pas seulement les catholiques qu’il veut toucher, mais justement les non-catholiques et tout particulièrement les orthodoxes. D’où conflit.
L’on pourrait, au vu de la situation actuelle des religions en Roumanie, donner très facilement raison à Vladimir Ghika dans cette petite querelle si l’enjeu, en fait, n’était pas de taille. Mgr Netzhammer n’a pas tort de craindre une attitude trop agressivement prosélyte de la part des catholiques qui entraînerait une réaction de la majorité de la population et plus particulièrement du gouvernement. L’on peut prendre pour preuve le scandale provoqué en 1910 par des articles publiés dans la presse bucarestoise par Mgr Joseph Baud, curé de la Cathédrale. Celui-ci, profitant de l’absence de l’archevêque, en voyage à Istanbul, rédige un article dans lequel il affirme qu’il sait de source sûre que le métropolite Calinic Miclescu se serait converti au catholicisme sur son lit de mort. Scandale ! Manifestations violentes contre les « papistes ». Heureusement, Mgr Netzhammer rentre en hâte en Roumanie et réussit à apaiser les choses, Mgr Baud, Monégasque d’origine, étant forcé à s’exiler définitivement. Un tel épisode violent aurait pu compromettre dans son intégralité toute l’œuvre d’organisation de la communauté catholique entreprise par le nouvel archevêque de Roumanie et par ses prédécesseurs. Quand l’on voit comment le gouvernement roumain a agi avec les catholiques roumains au moment de l’entrée en guerre de la Roumanie en 1916, avec l’arrestation de la plus grande partie des prêtres catholiques, l’on peut bien croire que Raymond Netzhammer avait bien raison de craindre une attitude trop zélée de la part de certains convertis catholiques. Vladimir Ghika et son ami Marius Theodorian-Carada, lui aussi converti, seront accusés, ce dont ils se défendront véhémentement, d’avoir encouragé le chanoine Baud dans son action.
Mgr Netzhammer avait donc bien raison de se méfier des convertis roumains, trop zélés à son goût. Mais peut-on ne faire qu’administrer une communauté bien délimitée sans essayer de répandre la foi au-delà de ces limites ? Bien évidemment Vladimir Ghika répond non, même s’il est bien conscient des obstacles qui se présentent à lui.
Le gréco-catholicisme et la vocation de la Roumanie
Comment faire donc pour convertir les Roumains au catholicisme sans que cela n’entraîne une levée de boucliers de la part des orthodoxes, sans que les convertis soient traités de traîtres à la patrie ? C’est là qu’intervient l’idée d’implanter des communautés gréco-catholiques de langue roumaine dans le Vieux Royaume. Comment pourrait-on accuser les Roumains Unis de Transylvanie d’être des traîtres à la patrie, eux qui ont pratiquement donné naissance au nationalisme roumain, ont toujours revendiqué leur origine romaine, et donc roumaine ?
C’est ainsi que Vladimir Ghika favorise la construction de la première église gréco-catholique roumaine à Bucarest, Saint-Basile-le-Grand[9]. Pour cela il finit par obtenir, après moult difficultés, l’accord du gouvernement roumain, qui pouvait difficilement encourager le nationalisme roumain en Transylvanie via l’Église Unie et en même temps refuser à cette Église toute implantation dans le Royaume. Cependant cette église, selon les recommandations du gouvernement, devra être discrète, petite et si perdue dans la verdure que, de la rue, on la voit à peine. Pour l’administrer, Vladimir Ghika y fait nommer, comme pasteur, un homme de grande qualité, le Père Ioan Bălan, qui sera plus tard l’un des évêques béatifiés le 2 juin 2019 comme martyr du communisme.
C’est un petit pas de fait dans la bonne direction selon Vladimir Ghika. Car la vocation de la Roumanie ce n’est pas seulement de se convertir au catholicisme, c’est aussi la conversion de l’ensemble des peuples orthodoxes, leur retour dans le giron de l’Église Universelle.
Vocation de la Roumanie. Cela peut paraître étrange formulé ainsi. Mais c’est une notion très importante pour Vladimir Ghika : la vocation des nations. L’histoire, pour Vladimir Ghika, a une fin, voulue par Dieu, l’histoire n’est pas la seule histoire des hommes, c’est le destin de l’humanité en prévision des fins dernières. Elle est œuvre de Dieu autant qu’œuvre des hommes. Vladimir Ghika exprime cela ainsi : « Dieu ne veut pas être seul à composer l’histoire. »[10]
L’idée que les nations ont une vocation est une notion que beaucoup d’auteurs ont développée. Les auteurs catholiques français notamment et l’on sait combien Vladimir Ghika, jeune, à Toulouse, s’est nourri de livres catholiques français. « De même qu’autrefois la tribu de Juda reçut d’en haut une bénédiction toute spéciale parmi les autres fils du patriarche Jacob, de même le royaume de France est au-dessus de tous les autres peuples, couronné par la main de Dieu Lui-même de prérogatives et de grâces extraordinaires, » écrivait ainsi le Pape Grégoire IX en 1259. N’appelle-t-on pas la France « la fille aînée de l’Église » ? Car Clovis et son peuple furent les premiers à se convertir au catholicisme, quand tous les autres peuples barbares qui avaient envahi l’Empire romain étaient hérétiques (ariens pour la plupart) ou païens.
Vladimir Ghika a écrit sur le sujet plusieurs articles dont notamment « la Vie catholique internationale et la Vocation française[11] ». Il y exprime l’idée que, dans cet après-guerre, c’est la France qui doit être le guide des autres nations, comme elle l’a été, selon lui, de tout temps, malgré ses erreurs. « Cette Fille aînée de l’Église, cette première baptisée des nations est par excellence le pays de l’universel ; elle est si profondément catholique jusque dans sa chair, que toutes ses erreurs mêmes prennent la forme de la catholicité, » écrit-il.
Je ne développerai pas ici le raisonnement de Vladimir Ghika qui fait de la France le guide des pays catholiques, ce n’est pas le lieu ici et je renvoie les personnes intéressées au texte lui-même. Cependant, à ceux qui penseraient que ceci est du passé et que la France d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la France du début du XXe siècle, je signale que vient de paraître, en 2016, un livre intitulé la Vocation chrétienne de la France, écrit par l’historien de l’Église Jean-François Chemain. Je le signale juste pour montrer que l’idée que la France a une vocation chrétienne n’est pas totalement tombée dans l’oubli malgré ce que l’on en dit.
Mais les Français ne sont pas les seuls à avoir une vocation, bien entendu. « Cette vocation est pour tout pays sa raison d’être. Dans les desseins providentiels, c’est cela cette fin, cette mission qui a fait qu’il existe, qu’il se développe et qu’il aboutit, » dit Vladimir Ghika, en 1937, dans sa conférence aux étudiants catholiques japonais.[12]
Si la vocation de la nation japonaise est de « maintenir les prises d’autorité, d’ordre, de vie organisée contre le dissolvant bolchevisme russe, contre l’anarchie chinoise, contre le mercantilisme du nouveau monde. Rendre l’Asie à sa destinée dans l’ordre de Dieu – l’Asie pacifiée, bénie, ramenée à son rôle providentiel par l’ouvrier le plus volontaire, le plus persévérant, le plus compréhensif de l’Extrême-Orient, le plus mûr, le plus actif et le plus méthodique – s’il peut être l’honneur et la gloire de l’Église, le soldat du règne de Dieu. » On l’a compris, par sa puissance économique, intellectuelle, voire militaire, le Japon, se convertissant au christianisme et étant le pays le plus développé de la région, doit devenir l’apôtre du christianisme dans toute l’Asie. Vaste programme ! Et Vladimir Ghika dans cette conférence, mettait bien en garde les jeunes Japonais contre les excès de l’ultranationalisme. On sait ce qu’il est advenu peu de temps après.
La Russie aussi a sa vocation. Même la Russie bolchevique. « Combien de souffrances ont été vécues là-bas selon le Christ, combien ont été offertes au Christ, tout cela donné à Dieu constitue un véritable trésor de grâces que tout d’un coup nous verrons se déverser sur le pays martyre ainsi que sur l’humanité tout entière. Celui pour qui jusqu’aux cheveux de notre tête sont comptés, ne laissera perdre ni une larme ni une goutte de sang ; tout ce qui a été souffert et offert à Dieu là-bas retombera, à l’heure de Dieu, sous forme de bénédictions sans nombre, cela fait partie de notre espoir comme de notre foi – avec la même inébranlable confiance[13], » dit Vladimir Ghika dans une homélie de Pâques.
La Roumanie a elle aussi sa vocation. Qu’est-elle donc selon Vladimir Ghika ?
Dans un brouillon en vue de la création à Rome d’un Institut Oriental à la fin de la Première Guerre mondiale, Vladimir Ghika pose les points essentiels de la vocation de la Roumanie d’après-guerre : « le point le plus adapté à la première conquête de l’Orient. Pays latin, liberté de conscience absolue, civilisation occidentale, position géographique en saillant dans l’orthodoxie – Amorce de près de 2.000.000 de catholiques, histoire favorable, tempérament adapté à la tâche de trait d’union d’assimilation. » La vocation de la Roumanie est donc de participer à la catholicisation du monde orthodoxe. La Roumanie est un pays latin, donc proche de Rome. Il compte déjà une forte population catholique, gréco-catholique notamment, qui peut favoriser la transition facile des schismatiques au catholicisme latin (rappelons que cela est écrit avant la levée des excommunications entre orthodoxes et catholiques en 1964). Une fois les Roumains passés au catholicisme, ce sera un pas de plus fait en direction de la conversion des slaves, des Russes notamment, plan qui tenait tant à cœur à Vladimir Ghika dont la mère, rappelons-le, était d’origine russe.
Pour que la position du catholicisme soit solide en Roumanie, il faudrait, Vladimir Ghika le sent bien, une communauté catholique beaucoup plus nombreuse et de langue roumaine. Ce sont les événements qui se précipitent à partir de 1914 qui vont laisser entrevoir une ouverture en ce sens.
La Première Guerre mondiale
Vladimir Ghika voit très vite que l’éclatement de la Première Guerre mondiale peut être l’occasion de créer cette communauté catholique forte en Roumanie. En effet, les catholiques sont majoritaires en Transylvanie[14]. La situation de l’Église serait toute autre si était intégrée au Royaume, non seulement les Souabes du Banat et les Hongrois catholiques, mais aussi et surtout les Roumains Unis à Rome. Les catholiques roumains ne seraient plus à la merci des possibles voltefaces du gouvernement roumain d’obédience orthodoxe, mais ils pourraient même – pourquoi pas ? – former eux-mêmes le gouvernement de la Grande Roumanie.
Si, pour Vladimir Ghika, l’union de la Transylvanie à la Roumanie est donc essentielle, ce n’est pas tant parce qu’elle est peuplée en majorité de Roumains (nationalisme linguistique, ethnique), ni parce que les Transylvains roumains aspirent à former un seul État avec les Roumains du Vieux Royaume (nationalisme lié au destin commun), c’est aussi et surtout parce que cette union apportera à la Roumanie une forte population catholique de rite byzantin et de langue roumaine, qui ne permettra plus aux orthodoxes de dire que les catholiques de Roumanie sont des étrangers ou des traîtres à la patrie… des apostats. L’on comprend mieux ici la profonde douleur qu’a pu être, pour Vladimir Ghika, la suppression de l’Église Gréco-Catholique par le régime communiste en 1948.
Voyons maintenant plus concrètement comment Vladimir Ghika a réagi au déclenchement de la guerre mondiale. L’on peut s’étonner que Vladimir Ghika se dresse aussitôt contre l’Autriche-Hongrie, pourtant principale force catholique dans le conflit, ce qui choque Mgr Netzhammer, comme il le dit dans son journal[15]. En effet la France, qui vient de séparer l’État de la religion et plus particulièrement de l’Église Catholique ne peut être considérée, a priori, comme championne du catholicisme, quant à l’Italie, qui s’est unie en partie au détriment des États de l’Église, on ne peut pas dire que son gouvernement non plus entretient alors de bonnes relations avec le Vatican, c’est le moins que l’on puisse dire. Quant aux deux autres principaux alliés, celui de l’ouest, le Royaume-Uni, est anglican, donc protestant, tandis que celui de l’est, la Russie, est orthodoxe. Alors comment expliquer que Vladimir Ghika prend position contre les Empires Centraux dont l’un, l’Allemagne, est en bonne partie catholique et l’autre, l’Autriche-Hongrie, est la championne du catholicisme en Europe Centrale ?
Notons pour commencer que Vladimir Ghika est très au fait de la diplomatie. Les membres de la famille Ghika occupent de nombreux postes dans le cadre des affaires étrangères roumaines. Son frère, Démètre, était ambassadeur de Roumanie à Sofia jusqu’au déclenchement de la Deuxième Guerre balkanique et a été nommé à Rome en septembre 1913. Vladimir Ghika est donc au beau milieu des intrigues diplomatiques de son temps qui vont conduire à la guerre. Pour lui, une chose est bien certaine : c’est l’Allemagne qui a voulu la guerre. C’est ce qu’il explique dans l’article paru dans la Revue universelle du 15 avril 1921, « Autour du drame de Sarajevo ».
Or l’Allemagne est la championne du luthéranisme, même si elle compte en son sein de nombreux catholiques. Ce sont les Prussiens protestants qui ont fait l’Allemagne unifiée. Ce sont ces mêmes Prussiens qui ont humilié la France catholique en 1870. Oui, mais, me direz-vous, cette Allemagne est alliée à une force catholique militante, l’Empire d’Autriche-Hongrie. Certes, mais quelle est véritablement la force de cet empire ? Sa politique extérieure, depuis sa défaite de 1866 face à la Prusse, est calquée sur celle de son vainqueur. Vladimir Ghika pourrait faire sien ce que dit Jacques Maritain dans Antimoderne, reprenant un texte de 1915 : « Le pangermanisme est le fruit monstrueux mais inévitable de la grande rupture d’équilibre du XVIe siècle, de la séparation de l’Allemagne d’avec la chrétienté. Il résulte du développement — lent et pénible, comme une démonstration allemande, mais fatal — de l’égocentrisme de Luther, de Rousseau, de Kant, de Herder, de Fichte, de Hegel, politiquement incarné par la Prusse. Au regard de ce développement nécessaire d’un principe unique, aboutissant à la religion germaniste, le fait que l’Allemagne actuelle compte encore de nombreuses parties catholiques ne signifie absolument rien ; il est visible que l’Allemagne catholique a depuis longtemps cessé de donner l’impulsion, elle est conduite et ne conduit pas… (…) L’esprit de la Révolution antichrétienne, qui met l’homme à la place de Dieu, devait se réaliser concrètement en Allemagne, non par des procédés révolutionnaires, mais par des procédés d’État et de gouvernement… »[16]
Si la vocation de l’Autriche-Hongrie était jusque-là de défendre la chrétienté contre l’Empire Ottoman musulman dans les Balkans. Quelle peut bien être aujourd’hui sa vocation maintenant qu’elle n’en est plus voisine ? Sa politique hostile aux pays orthodoxes, notamment à la Serbie, se justifie-t-elle d’un point de vue catholique ? Certainement non, selon Vladimir Ghika, même si les Serbes sont schismatiques. De toute évidence, pour Vladimir Ghika, l’Autriche-Hongrie, qui a eu son utilité historique, n’a plus lieu d’être. Or, justement, elle montre de graves signes de dissolution interne. L’Autriche n’est pas ainsi une nation naturelle, elle n’est ni liée par une langue ni par un destin commun, car, justement, les populations qui la composent, Hongrois, Tchécoslovaques, Croates, Roumains rêvent à une vie indépendante de l’Empire. L’Empire d’Autriche-Hongrie est donc, aux yeux de Vladimir Ghika, une force devenue caduque, qui doit faire place à d’autres forces nationales, plus puissantes.
Cette idée que l’Allemagne, et son alliée l’Autriche-Hongrie, est, malgré les apparences, la principale force antichrétienne va se renforcer au fil du temps dans l’esprit de Vladimir Ghika. L’on peut noter deux temps forts dans cette prise de conscience. D’abord ce qu’on a appelé les « atrocités » allemandes en Belgique, notamment celles dirigées contre les civils. Vladimir Ghika commente ainsi cette invasion de la Belgique, pays neutre : « Coup brutal porté à ce pays tranquille, heureux, et maître chez lui ‒ sans chercher d’autre explication qu’un avantage stratégique frauduleux à s’assurer contre un autre pays. Le développement pratique des opérations a été digne du péché originel, si complexe lui-même, de cette nuit fatale. Il suffit de rappeler Louvain, Dixmude, Termonde, Dinant. ‒ Digne processus d’une entreprise aussi odieusement commencée, passant du mépris du droit consacré par la foi, la loi morale et les conventions humaines à la réalisation pratique de tous les genres d’atrocités connus. » Vladimir Ghika en eut une vision très aigüe notamment de par son amitié avec Mgr Deploige, de l’université de Louvain, ville qui fut le théâtre d’une partie de ces atrocités (exécution d’otages sans procès, tortures, destruction punitive de maisons, incendies volontaires, etc.).
La destruction de la cathédrale de Reims, lieu de couronnement des rois de France, a pu aussi lui apparaître comme un acte antichrétien, même s’il faut plutôt replacer cet épisode dans le cadre militaire de la guerre de position. Cette opinion a été renforcée, bien évidemment, par la propagande française. Ainsi, à l’été 1917, profitant d’un repli allemand accompagné d’une destruction systématique de toutes choses selon la tactique de la terre brûlée, les autorités françaises organisent un voyage de propagande auquel Vladimir Ghika participe. Devant la chapelle du château d’Écouen dévastée, Vladimir Ghika ne peut retenir son indignation : « Une litière de foin jonche le sol de la chapelle elle-même et couvre aussi les dalles d’une autre chapelle adjacente, celle de la sacristie sans doute. Toutes deux ont dû servir de dortoir aux hommes ou aux bêtes. Rien sur les autels dégarnis : les portes des deux tabernacles ont été forcées, enlevées de leurs gonds et lancées au loin ; là, le vol a sans doute guidé la main autant que le sacrilège ; mais où l’esprit de profanation se montre seul et dûment éclairé, c’est dans la façon méthodique dont on a descellé et jeté de côté les deux pierres sacrées des autels. De plus, dans la seconde chapelle, à la place et dans la niche où sous l’autel on met les corps des martyrs, une couchette a été établie ; quelqu’un a dû reposer là, assez incommodément, mais au chaud et avec la savoureuse arrière-pensée, chez l’auteur de cette installation, d’une atteinte directe portée aux choses saintes. Des éclats de vitraux multicolores couvrent les dalles ; une bonne partie est encore restée aux verrières, mais le vent qui siffle aigrement à travers les bris multiples aura tôt fait d’abattre sur le pavé les images de saints qui se morcèlent et s’effritent. »[17] Mais il va encore plus loin devant des tombes saccagées : « Je n’ai jamais mieux compris l’horreur du mot : violation de sépulture. Il y a quelque chose du stupre, de la honte impudique dans cet abus d’une innocence désarmée, dans ce lâche outrage à cette passivité dernière de la mort, sans défense contre les passions humaines ; il y a, dans un pareil attentat à cette chose si douloureusement sale et si misérablement chaste qu’est le cadavre, un mélange complexe de sacrilège, de volupté ordurière et de sadisme qui vous prend à la gorge. C’est le vrai goût de Satan[18]. » Satan, le mot est lâché. Les forces des Empires centraux sont, après trois ans de guerre, devenues les forces du mal.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir Vladimir Ghika se mobiliser pour résister à ces forces qui, pour lui, visent à détruire l’unité chrétienne, à bloquer l’expansion du catholicisme de par le monde, à détruire l’homme dans son humanité telle que voulue par Dieu.
Au bout de ce voyage, l’on comprend mieux ce qui a poussé Vladimir Ghika à s’engager plus concrètement dans le conflit et à vouloir organiser, notamment avec Vasile Lucaciu, prêtre gréco-catholique, nationaliste enflammé, une légion de volontaires transylvains.
Je dirai, pour conclure, que même si une pointe de nationalisme peut apparaître chez Vladimir Ghika, mais comment faire autrement quand on baigne depuis sa naissance dans une atmosphère ultranationaliste, même si certains arguments en faveur des Roumains ou des Français, les deux nations de cœur de Vladimir Ghika, peuvent paraître quelque peu forcés, il n’en reste pas moins que Vladimir Ghika a rejeté le nationalisme comme système de pensée, comme étant totalement étranger au christianisme.
Mais les nations ont une vocation. En cela elles ont un rôle important qu’il faut, dans un esprit chrétien, favoriser pour que s’accomplissent les desseins de Dieu.
[1] Voir sur ce thème : Luc Verly, « Vladimir Ghika în 1918: între acțiune și diplomație » (Vladimir Ghika en 1918 : entre action et diplomatie), in Pro Memoria, n° 17-18, 2018-2019, pp. 145-170.
[2] Archives Vladimir Ghika, Pensées Série 16 – A1.9.XLV.53 Vladimir Ghika – Pensees de la 1 la 100.pdf.
[3] Paroles du Chant du départ (1794), écrit par Marie-Joseph Chénier.
[4] En 1806, seuls 58,55 % des Français (du territoire actuel de la France) avaient pour langue maternelle un des dialectes français. (Charles Coquebert de Montbret, « Essai d’un travail sur la géographie de la langue française », 1831.)
[5] J’ai par exemple longtemps eu du mal à comprendre pourquoi la pièce la Bataille d’Arminius (Die Hermannsschlacht – 1808) d’Heinrich von Kleist, de piètre qualité théâtrale selon moi, avait eu tant de succès en son temps dans toute l’Allemagne. C’est justement qu’elle exaltait l’unité allemande en héroïsant Arminius, qui avait uni les tribus germaniques pour lutter contre les armées romaines et les vaincre, en un temps où l’unité allemande était encore un rêve lointain
[6] Baba Novac, „Un nou apostat”, în Epoca, anul VIII, nr. 2017 – 115, 1 mai 1902, 1. Voir Narcis Ispas, « Catolic, român, prinț Ghika », in Pro Memoria, n° 17-18, 2018-2019.
[7] Cent ans plus tard l’atmosphère n’aura guère changé à Toulouse et je ne peux m’empêcher de citer la célèbre chanson de Claude Nougaro, Ô Toulouse ! : « Je descends l’avenue vers l’école / Mon cartable est bourré de coups de poings ! / Ici, si tu cognes, tu gagnes / Ici, même les mémés aiment la castagne ! »
[8] 80 % des catholiques de l’archidiocèse de Bucarest étaient Allemands, Autrichiens ou Hongrois. (Dănuţ Doboş, Silviu Dogariu, Arhidieceza de Bucureşti în anii primului război mondial, film, 2018.)
[9] Notons au passage que Mgr Netzhammer a joué un rôle décisif dans cette création.
[10] Archives Vladimir Ghika, Pensées A1.9.XLV.52, ΣΙΙ.
[11] Revue des Jeunes, mars 1921.
[12] Nous ne parlerons pas ici de la vocation du peuple juif. Elle est évidente aux yeux de Vladimir Ghika, mais elle est aussi fort complexe et il faudrait lui consacrer tout un article, et même plus, et comme l’on ne peut pas dire qu’elle ait joué un rôle dans les prises de position de Vladimir Ghika durant la Première Guerre mondiale, l’on me permettra de laisser ce problème de côté pour l’instant.
[13] Archives Vladimir Ghika – ARCB, fond Institutul Vladimir Ghika, LXIII.M1.P3.
[14] 23,7 % de gréco-catholiques, 18,9 % de catholiques de rite latin contre 34,3 % d’orthodoxes. (Ioan et Sorina Paula Bolovan, « Transilvania până la primul război mondial (oportunităţi şi/sau vulnerabilităţi demografice », http://dspace.bcucluj.ro/bitstream/123456789/47875/3/Bolovan%2BIoan-Transilvania%2Bpana%2Bla%2Bprimul%2Brazboi%2Bmondial-2009.pdf
[15] Raymond Netzhammer, 6 novembre 1914, Episcop în România, Editura Academiei Române, Bucureşti, vol. 1, 2005, p. 545.
[16] Jacques Maritain, Antimoderne, pp. 200-202.
[17] « Dans les régions dévastées – Mont-Renaud ‒ Noyon ‒ Chauny ‒ Jussy – Feuilles d’un carnet de voyage », in le Correspondant, Juillet-Septembre 1917, 25 septembre 1917, pp. 1000-1025.
[18] Ibidem.
Luc Verly
Articol publicat în traducere, în revista Pro Memoria, nr. 17-18 / 2018-2019, p. 121-143