Lettre du Prince Vladimir Ghika addressée à Monsieur Paul CLAUDEL
Cher Monsieur et Ami,
Merci de tout cœur pour le ,,souvenir de la promenade de Subiaco”.
Ma belle-sœur de son côté a été bien touchée par la Venue de votre ,,Mystère de Nöel” et de vous fleurs. Un ami flamboiement de flames fraîches et roses. Elle vous écrit d’ailleurs en ce moment pour vous faire part elle-même de tout le plaisir éprouvé à lire et à regarder.
Ci-joint 1°) votre album de Saers Speco qui était resté dans l’auto.
2°) ma plaquette sur la ,, Visite des Pauvres” que, si gentiment, vous vouliez remettre à l’abbé Fontaine pour la lui faire porter, après lecture, à votre éditeur de Paris; le tout aux fins – bien tentantes pour moi – d’une jolie réédition. Si vous jugez la réunion souhaitable, on pourrait adjoindre au petit volume pour l’étoffer la méditation de ,,l”Heure Sainte”. Sinon, la disjonction (avec un petit format genre F. Jammes s’adaptant bien à celle-ci).
J’ai taché de faire disparaître quelques unes des taches de style restantes. (notamment celles que vous aviez relevées) – Cela n’a pas été sans faire quelques autres taches… d’encre. J’ai un peu honte de mettre quelque chose d’aussi malpropre sous les yeux du bon abbé Fontaine. Mais je le supplie de se reporter par la pensée aux pires tas de ses bons chiffonniers d’antan pour trouver un point de comparaison qui sauve un peu mon petit paquet de papier sale.
J’espère que nous aurons maintes occasions de porter ensemble à notre manteau, en d’autres sanctuaires d’Italie, les coquilles du pèlerin. En attendant je vous suis particulièrement reconnaissant de m’épargner pour l’avenir, Dieu voulant, d’autres coquilles, celles dont me gratifia l’imprimeur bucarestois, plein de bonne volonté, mais exotique.
Mille amitiés et à bientôt.
Votre tout dévoué in X to
Vladimir GHIKA
Texte recopié par Monsieur P. HAYET à la Bibliothèque nationale
Fonds P. Claudel le 10 janvier 1990