Que dire de cet hommage fort et fervent rendu à notre grand-oncle Vladimir Ghika, qui a débuté jeudi 7 octobre 2010, date anniversaire de son ordination 87 ans plus tôt dans l’église Saint-Vincent de Paul, appelée aussi chapelle des Lazaristes ? Ce fut une messe vibrante concélébrée sous l’autorité de Monseigneur Brizard dont l’homélie magnifique nous a émue.
Tout en vivant ce moment fort avec beaucoup d’intensité, je n’ai pu m’empêcher de contempler la dépouille mortuaire de Saint-Vincent de Paul, tellement visible depuis la nef, et de me demander ce que cet homme admirable pensait de notre grand-oncle, en suivant ce chemin abrupt qu’il avait tracé 3 siècles auparavant ?
Etre au service des malades et des plus pauvres, tel était le voeu de ce prince devenu prêtre et qui avait lui-même fait voeu de pauvreté. C’est ce chemin de la pauvreté, du dépouillement, du renoncement qu’avaient suivi avant oncle Vlad tant de saints dont la vie nous touche si profondément : Saint-Vincent de Paul, Saint-François d’Assise, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus,…
Vladimir a du s’imprégner intimement de ces magnifiques exemples, de ces guides spirituels qui l’ont précédé et qui lui ont montré la voie à suivre, la voie la plus directe qui mène vers l’Essentiel, nous rapproche de Dieu. Mais je reste convaincu que Vincent de Paul, fondateur des Filles de la Charité, a joué un rôle particulier dans la vocation d’oncle Vlad qui s’est tant attaché à les soutenir et à les introduire en Roumanie, gràce à l’intercession de soeur Pucci dont la rencontre a été décisive.
Soeur Pucci aurait-elle joué dans la vie d’oncle Vlad un rôle comparable à celui que joua Sainte-Claire dans la vie de Saint-François ?
Le week-end des 9 et 10 octobre fut le deuxième temps fort de cet hommage rendu à notre oncle Vlad. Rappelons-nous :
De Monseigneur Robu, archevêque de Bucarest, qui a honoré par sa présence les cérémonies religieuses et a trouvé des mots tellement simples et justes pour nous parler de la vie de Vladimir Ghika et de son cheminement spirituel, en particulier lors de sa belle homélie dans la chapelle de la Médaille Miraculeuse.
De la ferveur des pélerins roumains venus pour cette occasion, et avec lesquels nous avons partagé le repas dominical dans le réfectoire de l’église des lazaristes.
De la musicalité si pure de Cornelia Tihon qui nous a enchanté avec sa flûte de pan, et nous a montré à quel point la musique peut servir la foi lorsqu’elle vient du coeur.
De la qualité des interventions des 3 conférenciers, à la fois denses, riches, anecdotiques, et qui par leurs éclairages croisés m’ont tant appris sur la pensée d’oncle Vlad, qui ont su mettre en perspective les aspects singuliers de son engagement spirituel et de son oeuvre : la volonté de rapprochement entre catholiques et orthodoxes, auquel il a tant contribué, la théologie du besoin qui sera sa règle de vie, les liens qu’il entretient avec tous les milieux, politiques, artistiques, intellectuels, son ouverture d’esprit, son humour, que l’on retrouve avec tant de finesse et de pénétration dans ses nombreux aphorismes, cités avec pertinence par le Professeur Brosteanu.
De la célébration gréco-catholique roumaine, au cours de laquelle les psaumes polyphoniques chantés a capella ont créé une atmosphère de recueillement si proche de celle que l’on ressent dans certains monastères cisterciens en écoutant le chant grégorien à l’unisson.
Enfin de toutes les rencontres que nous avons pu faire avec de nombreuses personnes intéressantes et enthousiastes et que nous n’aurions sans doute jamais connues sans l’oncle Vlad.
Et en quittant ces lieux, encore imprégné de cette chaleur jubilatoire ressentie tout au long de ce week-end et de tout ce que j’y avais appris de mon grand-oncle, j’ai été pris d’un sentiment contradictoire : d’une part l’émotion de découvrir à quel point la connaissance de la vie et de l’oeuvre d’oncle Vlad, stimulée et diffusée par l’ouverture du procès en béatification, a pu susciter tant de ferveur spirituelle et de vocations, d’autre part le regret que ma chère mère, la nièce de Vlad ne soit plus de ce monde pour vivre un tel moment qui l’aurait, j’en suis convaincu, profondément bouleversé.