Mgr Philippe BRIZARD, Protonotaire Apostolique
N-D de Paris, Messe de l’Œuvre d’Orient, 26 mai 2013 

La figure de Vladimir GHIKA, Prince roumain, est attachante à plus d’un titre. Il est né à Constantinople en 1873, il a vécu en France, spécialement à Paris mais a beaucoup voyagé. L’époque est rude : il assiste à la dislocation des empires, voit la naissance des Etats nationaux. Il connut deux guerres mondiales. Issu d’une famille qui régna sur la Moldavie, baptisé dans l’Eglise orthodoxe, il devint catholique sans renier ses racines. Longtemps laïc, c’est à 50 ans qu’il devint prêtre pour le diocèse de Paris. Prêtre ou laïc, il a marqué l’entre-deux-guerres par son action charitable tant dans son pays, qu’à Paris ou à Rome. Il a été proche des grands comme des pauvres, rencontrant le monde de la pensée mais aussi vivant dans une baraque à Villejuif près des prolétaires de la banlieue rouge. Très attaché à la présence divine dans l’eucharistie, il a promu les Congrès eucharistiques Internationaux et parcouru le monde. Sensible à la vie religieuse, il implanta les Filles de la Charité en Roumanie et le Carmel au Japon. Il créa sa propre congrégation dont les intuitions rejoignent celles des nouvelles communautés.
A la croisée des mondes oriental et latin, il est un précurseur en œcuménisme. Le vaste monde devient le village de sa charité. Docteur en théologie, sa spiritualité et son action lui permettent de développer une théologie du besoin et la liturgie du prochain. Sa vie spirituelle est centrée sur la présence du Christ rédempteur dans l’eucharistie ; la puissance de la rédemption passe par le ministère du prêtre. Le don de soi comme abandon confiant à la grâce lui fait concevoir le martyre comme témoignage suprême d’amour. Il ira rejoindre son peuple au début de la 2de Guerre mondiale, vivant avec lui, pendant quinze ans, son infortune sous la violence nazie puis communiste. C’est à cette époque qu’il donne son plein, proche des gréco-catholiques qu’il considère comme authentiquement roumains, il se bat pour eux et ne tarda pas à partager le sort des évêques de cette Eglise dont la mémoire va être évoquée au cours de cette messe. Ayant travaillé à maintenir le lien entre Rome et les Eglises catholiques, il est jeté en prison à l’âge de 80 ans, à cause de sa foi catholique et de ses œuvres missionnaires. C’est en 1954 qu’il meurt épuisé, sous le regard admiratif et compatissant de ses compagnons de prison dans une oblation silencieuse de sa vie. Son désir a été exaucé.
Le procès de béatification s’est achevé à Rome le 19 février 2013 ; le pape François l’a déclaré martyr le 27 mars 2013. La béatification du Vénérable Vladimir Ghika aura lieu le 31 août prochain à Bucarest. Rendons grâce à Dieu.

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