Michel PRAT, oblat bénédictin
Monseigneur Vladimir Ghika, dans son livre “Pensées pour la suite des jours” – page 29 Ed. Beauchesne – a écrit:
“Le respect éloigne et rapproche tout à la fois de son objet, – éloigne de toutes les distances que l’on tient à reconnaître – rapproche du meilleur et du plus rare de nos âmes, par une assimilation secrète, mais réelle.”
Le mot “âmes” ne se rencontre pas une seule fois dans les épîtres pauliniennes, une fois dans la lettre aux Hébreux (He 13,17): “Obéissez à vos chefs et soyez-leur dociles, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte; afin qu’ils le fassent avec joie et non en gémissant, ce qui vous serait dommageable.”(bible de Jérusalem), cinq fois dans la première lettre de Saint Pierre dont voici trois exemples: (1P 1,9): “sûrs d’obtenir l’objet de votre foi: le salut des âmes.”(BJ); (1P 1,22): “En obéissant à la vérité, vous avez sanctifié vos âmes, pour vous aimer sincèrement comme des frères. D’un cœur pur, aimez-vous les uns les autres sans défaillance,”(BJ); (1P 2,11): “Très chers, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels, qui font la guerre à l’âme.”(BJ)
C’est par le respect qu’on approche le meilleur et le plus rare d’une âme, en particulier quand il s’agit de l’âme de notre Père spirituel. Si dans le domaine profane tout est permis quelquefois, si on supprime toutes les convenances pour obtenir tout et tout de suite, dans le domaine spirituel il convient de respecter les usages, les règles qui ont permis à la communauté de se constituer et aux membres d’en faire partie.
En s’inspirant de la Règle de Saint Benoît §20, quand nous allons présenter une requête à des hommes puissants, nous ne l’osons faire qu’avec humilité et respect parce que souvent il y va de notre avenir, de notre vie ou de la qualité de notre vie. Combien plus doit-on supplier en toute humilité et pure dévotion le Seigneur de toutes choses, Dieu! et aussi les ministres de l’Eglise de Jésus Christ ou les hommes qui lui sont consacrés. Ces hommes et ces femmes s’approchent de Dieu. Nous ne pourrons approcher leurs âmes qu’en faisant preuve de respect, même si on se réfère à la parabole du juge inique et de la veuve importune (Lc 18,1-8). Lc 18,4: “Il(le juge) s’y refusa longtemps. Après quoi il se dit: J’ai beau ne pas craindre Dieu et n’avoir de considération pour personne.”(BJ; la traduction liturgique 2013 utilise le mot respect) La veuve a importuné un homme puissant et elle a tout de même obtenu justice.
A SUIVRE…