Michel PRAT, oblat bénédictin
Monseigneur Vladimir Ghika, dans son livre “Pensées pour la suite des jours” – page 28 Ed. Beauchesne – a écrit:
“L’univers sait pratiquer le mystérieux métier du silence. Les Abîmes ont gardé, en bons prêtres, le secret de la confession des choses.”
Selon Saint Benoît, les moines doivent pratiquer le silence qui apparaît dans sa règle au chapitre 4, “Des instruments des bonnes œuvres”, verset 52.53.56:
“Ne pas aimer beaucoup parler
Ne pas dire de paroles vides, ni de facéties”
et “Se recueillir fréquemment dans la prière”.
Un chapitre, le 6ème, y est consacré. Le silence est considéré comme une vertu parce qu’il permet d’éviter le péché et Saint Benoît cite Ps 39(38),2-3:
“J’ai dit: je garderai mes voies, afin de ne pas pécher par ma langue. J’ai posé une garde à ma bouche, je me suis tu, et j’ai baissé la tête, et je n’ai pas parlé, même de choses bonnes.”
Si on doit taire les choses bonnes pour ne pas pécher, a fortiori, on doit taire les choses mauvaises. Saint Benoît utilise l’expression “la gravité du silence” et cite Pr 10,19: “En parlant beaucoup, tu n’éviteras pas le péché.” Il cite aussi Pr 18,21: “Mort et vie sont au pouvoir de la langue.” Il dit encore (RB6,6): “Parler et instruire sont le rôle du maître; se taire et écouter reviennent au disciple.” C’est ce qui a été établi pendant nos Eucharisties dominicales: il revient au célébrant de parler et d’instruire, en particulier pendant le sermon, et aux fidèles de se taire et d’écouter. C’est aussi ce que nous devrions faire régulièrement à domicile, nous accorder, nous réserver des temps de silence, sans transistor, sans télévision, sans cassettes, sans téléphone. Sœur Emmanuelle Billoteau, chroniqueuse au “Prions en Église”, est même allée jusqu’à demander: “Débranchez (Éteignez) votre téléphone de temps en temps.”
Dans “La prière retrouvée” du Père Pierre Guilbert (Ed. Nouvelle Cité, coll. Foi Vivante, 1981), l’auteur demande à l’occasion d’une retraite dans un monastère ou un centre spirituel: “Assieds-toi un instant. Écoute. Écoute le silence. Respire, aspire le silence. Plonge-toi dans le silence. Accueille-le et jouis du silence… Goûte le silence.”(page 54)
A SUIVRE…