Michel PRAT, oblat bénédictin

Monseigneur Vladimir Ghika, dans son livre “Pensées pour la suite des jours” – page 27 Ed. Beauchesne – a écrit:
“C’est surtout quand tu te sens anéanti par une lourde peine qu’il est bon d’aller consoler les peines d’autrui. Se donner à de pareilles heures, quand on n’est plus rien, quand en soi l’on n’a plus rien, c’est vraiment donner un peu de Dieu… et Le trouver.”

Le bienheureux Vladimir a vécu ce qu’il dit dans ces deux phrases. Il serait intéressant de savoir quand cette pensée a été écrite, avant ou après son arrestation en 1952. En prison, Monseigneur n’avait probablement pas de quoi écrire. Et donc cet écrit daterait d’avant 1952. Dans le fort de Jilava, le bienheureux devait se sentir anéanti et les témoignages qui nous sont parvenus depuis sa mort nous disent qu’il consolait et réconfortait les autres détenus. Il se donnait aux autres, à ses codétenus, dans son état de prêtre de Jésus Christ, il donnait donc un peu de Dieu et il L’a trouvé puisque ceux qui ont partagé les deux dernières années de sa vie confiaient que c’était un saint homme.

Pour nous aussi, lorsque nous sommes anéantis par une lourde peine – sentimentale, familiale, de santé ou professionnelle-, il est bon de regarder autour de soi pour constater qu’il y a pire que nous et d’aller consoler ou réconforter ces gens-là par des paroles ou par des actes.
C’est ce qu’a fait le capitaine dans “Les récits d’un pèlerin russe”( Éditions de la Baconnière- Collection Points pages 48 à 52): il était sous l’emprise de l’alcool, anéanti par cette dépendance. Sur les conseils d’un moine qu’il rencontre, il se met à lire un chapitre de l’Evangile par jour. Et alors il voit qu’il y a plus malheureux que lui. Il se marie, aide les pauvres et reçoit les pèlerins.

L’Apôtre Paul aussi a été éprouvé, voire anéanti, par de lourses peines (2Co6, 4-5): “Nous nous recommandons en tout… par une grande constance dans les tribulations, dans les détresses, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons, dans les désordres, dans les fatigues, dans les veilles, dans les jeûnes.” ou encore 2Co11, 23b-27: “Souvent j’ai été à la mort. Cinq fois j’ai reçu des juifs les trente neuf coups de fouet; trois fois j’ai été battu de verges; une fois lapidé; trois fois j’ai fait naufrage. Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme!…” Toutes ces épreuves ne l’ont pas empêché d’exhorter, de fortifier, de réconforter, de consoler les communautés en Grèce ou en Asie Mineure. (Ep3, 16)”Qu’il daigne, selon la richesse de sa gloire, vous armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l’homme intérieur.” On se reportera aussi à 2Co1, 3-5.
Dans ces occasions, Saint Paul donnait un peu de Dieu et il L’a trouvé.

 A SUIVRE…