Michel PRAT, oblat bénédictin

Monseigneur Vladimir Ghika, dans son livre “Pensées pour la suite des jours” – page 23 Ed. Beauchesne – a écrit:
“Le blessé, le malade, par leur souffrance cessent d’être eux-mêmes pour n’être plus qu’un blessé et un malade. Là plus qu’ailleurs il est facile de voir le Christ en tous et en chacun.”

Chez le blessé, le malade, la souffrance prend une place de première importance. Souvent celui-ci est dominé par la souffrance, il perd peu à peu sa personnalité, tout ce qui faisait qu’il était lui-même pour devenir conditionné par sa maladie. Il n’existe plus qu’en réaction au mal qui l’atteint.
En Mc 1,40-45, l’évangéliste raconte la guérison d’un lépreux. Le lépreux est exclu de la communauté, il est marginalisé, mis au ban de la société; il perd son identité pour n’être plus appelé que par le nom de sa maladie, la lèpre. Ici, sa foi en Jésus lui permet d’être guéri et de réintégrer le village.
De même en Mc 5,1-20, l’évangéliste relate l’épisode du démoniaque et des pourceaux. L’homme décrit dans la première partie n’est plus homme, il est le diable lui-même et ne souhaite même pas sa guérison, la libération de son mal (cf. v.7): “Qu’avons-nous à faire ensemble, Jésus, fils du Dieu très haut?” Connaissant Jésus par sa renommée, il a même peur de guérir, habitué à sa souffrance (v.7): “Je vous adjure par Dieu, ne me tourmentez point.” Il a bien perdu sa personnalité, il a bien cessé d’être lui-même puisqu’il ne sait plus comment il s’appelle (v.9): “Mon nom est légion, car nous sommes nombreux.” Il est exclu de la ville, de la société car il vit dans les tombeaux (v.3), il erre dans les tombeaux et les montagnes (v.5). Jésus ne se laisse pas impressionner et chasse avec autorité le démon de cet homme qui recouvre alors son bon sens (v.15), une bonne tenue et le silence. Jésus a fait de cet homme un homme nouveau avec un nom et un minimum de qualités pour pouvoir vivre de nouveau au milieu de ses contemporains.

A SUIVRE…